samedi 16 février 2013

2 240 m de dénivelé

6e jour – Mexico - Taxco - Acapulco
Jeudi 14 février 2013

Après cinq jours d'acclimatation au Mexique, il est temps que je me mette en route pour voir du pays. Ma prochaine étape: Acapulco, où travaille pour un temps ma cousine Maryline (qui est aussi la cousine de Karl). D'après Maryline, Acapulco n'est pas incontournable, mais ce n'est que à six heures d'autobus, donc ce serait dommage de ne pas y passer. Et puis: «Acapulco», quoi! Ce nom, ces sonorités, font rêver, non? C'est tellement exotique!

Six heures de bus, c'est quand même long, alors sur les conseils de Karl, j'ai décidé de faire une étape à Taxco. Karl m'a accompagné à la gare routière sud, et heureusement, parce que les tacos de la veille faisaient encore effet et je devais avoir l'air particulièrement blanc aux yeux des Mexicains. Karl et moi nous nous sommes dit au revoir, parce qu'il sera en circuit dans le Nord quand je reviendrai à Mexico pour prendre mon avion. Vraiment, si quelqu'un de la famille lit ces lignes, je vous recommande d'aller voir Karl et Malinka. L'accueil est chaleureux et Karl est un excellent guide. Si vous n'êtes pas de la famille, prenez contact avec moi pour que je vous mette en relation avec Karl pour votre voyage sur mesure au Mexique, ou allez voir sa page Facebook: Guide français Mexique.

J'ai passé l'essentiel du trajet vers Taxco à raconter ma journée à Teotihuacan, essayant d'oublier les virages. Le paysage avait l'air intéressant, mais je n'étais pas à côté de la fenêtre et je ne voyais pas très bien. J'étais en outre distrait par le film qui passait sur l'écran devant moi: un film français intitulé «Forces spéciales», où quelque-chose comme ça, à la gloire, comme son nom l'indique, des forces spéciales françaises, mises en scène dans une opération fictive de libération d'otage en Afghanistan. Quand j'ai terminé de raconter ma vie, je pensais qu'il me resterait un peu de temps pour me reposer mais nous abordions déjà les derniers virages vers Taxco et on voyait déjà la ville accrochée à la montagne.

À la gare routière, je devais acheter aussitôt mon billet pour Acapulco du soir, mais je ne trouvais pas le guichet de la compagnie qui avait les horaires qui me convenait. Une petite famille anglophone m'a vu un peu paumé et m'a demandé ce que je cherchais. J'ai expliqué ma situation et ils m'ont dit – ils viennent ici souvent, apparemment – qu'il y avait une autre gare routière un peu plus loin. Sympas, les gens. J'y suis allé à pied, découvrant une partie de la ville déjà très animée, très jolie, bien qu'il s'agisse un peu de la périphérie de Taxco. Contrairement la gare routière où je suis arrivé, qui grouillait, ce terminal-là était désert, mais du coup, c'était moins le stress pour s'adresser au guichet, demander à faire garder mes valises et passer au baño.

Ceci fait, je suis allé explorer la ville. Et pour l'explorer, il faut avoir de bonnes jambes. Ça grimpe! Sauf quand on descend, bien sûr. Et pour irriguer ces étroites ruelles en pierre, une armée de coccinelles Volkswagen blanches. C'est très folklorique mais ça pollue et ça crée d'immenses embouteillages. Je me suis demandé au début pourquoi il y avait autant de taxis de la sorte mais j'ai compris plus tard que c'était le mode de transport pour aller du haut vers le bas, et surtout l'inverse, de la ville. Les rues, doublées d'un réseau d'escaliers, sont extrêmement raides et, bon, pour moi, c'était amusant de le faire une fois, mais quand on habite là j'imagine que ça doit être vite lassant de tout faire à pied.

Ma première étape fut le marché, pour trouver de quoi me restaurer. Il était midi, mais dans le coin des restos, il n'y avait quasiment personne. Tous les étals proposaient la même chose au menu, du coup c'était difficile de choisir, surtout que, refroidi par l'expérience de la veille au soir, je ne voulais pas infliger à mon estomac n'importe quoi. Je me suis dit qu'un pozole serait le plus adéquat dans ma situation. Et c'était parfait. Léger, complet, sain et bon. En raison de la configuration de la ville, le marché de Taxco n'est pas dans un endroit plat et ordonné mais il occupe tout un tas de petites ruelles qui montent et qui descendent, ce qui le rend particulièrement pittoresque.

Après manger, j'ai entrepris de monter tout en haut de la ville, à la statue du Christ, pour la vue. Eh bien j'ai juré. Les «pyramides» de Teotihuacan, c'était rien à grimper comparé à ça: des escaliers avec de bonnes marches bien hautes, des rues super raides, mais ça valait vraiment la peine, non seulement pour le panorama sur la ville et la vallée, mais aussi pour la découverte, en chemin, de quartiers non touristiques de Taxco. Le haut de la ville est un peu moins remarquable que le centre mais il demeure très authentique, on n'y croise quasiment pas de touristes et les gens sont très aimables et d'un abord facile. Les rues sont submergées d'écoliers en uniforme qui saluent le passant étranger en anglais et crient «photo! photo!» quand ils voient l'appareil. Une telle proposition, ça ne se refuse pas. Tout en haut, au pied du Christ rose, quelques couples se bécotent et profitent à peine de la vue qui s'offre au courageux qui a réussi à atteindre ces lieux.

La descente fut beaucoup moins éprouvante. J'ai continué à arpenter les ruelles, à me perdre, à descendre et à monter. Je suis allé voir à l'intérieur de la cathédrale baroque (plus jolie de l'extérieur que de l'intérieur, selon moi) et puis je me suis posé un moment sur l'agréable place centrale, le Zocalo, où se mêlent locaux et touristes pour profiter de l'ombre et de la vue sur la cathédrale. En attendant le bus, j'ai écrit quelques cartes postales, je suis vite allé au petit bureau de poste jeter mes cartes (option à privilégier, selon Karl, aux boîtes aux lettres, si on veut que le courrier arrive un jour), puis j'ai fait mes adieux à Taxco en retournant sur le marché acheter un petite barre de noix diverses au miel artisanale à une petite vieille.

Tout ce sucre, ça requinque, mais ça ne m'a pas empêché de reprendre des churros à un type qui s'était posté devant moi à la gare routière pendant que j'attendais le bus. Je n'avais pas le temps de m'acheter une bouteille d'eau pour faire passer le goût du sucre mais le bus était là, on mettait les bagages en soute et à l'embarquement, on nous donnait une bouteille d'eau. Oui, sauf que: une fois que j'avais mis mon sac en soute, j'ai entendu un type rameuter les voyageurs en criant «México!». Ah oui mais non, je retourne pas à Mexico, moi. Bon, j'ai récupéré mon sac et j'ai attendu encore un peu mon bus pour Acapulco. Là, en revanche, on ne nous a pas donné de bouteille d'eau et j'étais bien dépité, mais surtout, assoiffé. Je me suis endormi devant le film (Rio), probablement quelques minutes seulement, quand le bus s'est arrêté prendre des passagers. Là, un vendeur est rentré et j'ai pu lui prendre une boisson au thé, faute de mieux.

L'arrivée à Acapulco a été un peu pénible. Je n'ai pas vu qu'on traversait des quartiers particulièrement déshérités mais la circulation était infernale, à cause d'importants travaux sur les grands axes. Malgré cela, le bus est arrivé en avance et j'ai attendu un peu Maryline. Ça fait plaisir de voir ma cousine normande, ma camarade de jeux quand j'allais chez ma grand-mère, à l'autre bout du monde! Pendant que nous redescendions sur le front de mer, elle m'a briefé sur la sécurité et l'insécurité à Acapulco. Si j'ai bien compris, faut pas que je m'éloigne du centre et que je ne dorme pas à poil, en cas de tremblement de terre. C'est noté.

La Saint-Valentin, c'est assez vilain chez nous, mais au Mexique, c'est quelque-chose d'important, paraît-il. Et on peut imaginer quel peut être le résultat d'une Saint-Valentin dans une ville balnéaire du Mexique. C'est pas joli-joli. Le long du front de mer où se trouvent tous les hôtels et les bars à touristes – concept déjà répugnant à la base –, les cœurs ont fleuri et de calèches hippomobiles décorées de ballons multicolores et de lumières qui clignotent promènent les couples attendris. Vraiment y'a pas de quoi (être attendri), dans ces conditions. La calèche étant beaucoup plus chère, nous avons pris le bus, music and lights à fond, toujours dans la modération, ces Mexicains, jusqu'à l'Alliance française, où vit et travaille Maryline.

J'étais fatigué mais déterminé à faire de mes vacances des vacances et nous sommes ressortis dans un bar à touristes surplombant la plage où on est obligé de faire la fête. Nous y avons retrouvé la collègue de ma cousine, Alex, et deux amies à elle qui lui rendaient visite de France, ainsi que plusieurs autres personnes liées de près ou de loin à l'Alliance française d'Acapulco. J'ai pris un cocktail pour trinquer (mais, Saint-Valentin oblige, c'était deux cocktails pour le prix d'un, on va pas faire le difficile) et j'ai commandé de très bonnes crevettes grillées à manger. Le niveau sonore était élevé et il était difficile de discuter. On passait surtout de la salsa, or non seulement je ne sais pas danser la salsa, mais je n'aime pas cette musique. Et puis j'étais crevé. À un moment, ils ont augmenté le volume sonore un peu, ils ont fait monter des danseuses en mini-short sur une scène et ils les ont fait danser. Un peu plus tard, on nous a distribué de longs ballons qu'il fallait agiter au-dessus de nos tête en s'amusant. Ouaiiiiis! Ouais. Et puis ils ont passé de la disco. Et puis j'ai dansé. Et j'ai agité mon ballon. Et je me suis quand même un peu amusé. Et j'ai eu honte.

Et puis il était l'heure de partir, les profs de l'Alliance française devant donner cours à 7 heures le lendemain. Au point où on en était, on ne pouvait pas rentrer simplement en bus ou en taxi. Une série de malentendus nous a amené a marchander une course et avant que nous ayons pu nous en rendre compte, nous étions à cinq dans une carriole entourée de ballons blancs et roses et tirée par un cheval efflanqué le long d'une grande artère très fréquentée et bordée d'hôtels sans charme. Le romantisme poussé à son paroxysme.

Je me suis couché la tête remplie de belles images de la journée et je me suis endormi sans demander mon reste.

8 commentaires:

Zaz a dit…

Au revoir Karl et Malinka ! Bonjour Maryline !
T'as bien de la chance d'avoir de la famille partout, toi :-)

Evelyne a dit…

Moi je suis de la famille et je suivrais bien tes recommandations.Dommage que j'aie fait allemand première langue ! je ne parle pas un mot d'espagnol ! Je retiens donc d'emblée la première leçon : "no gracias"

Jean-Michel a dit…

Elisa, malheureusement, je crois qu'après Acapulco, j'aurai fait le tour de la famille à l'étranger. Pareil pour les amis. C'est triste.
Evelyne, moi aussi j'ai fait de l'anglais et de l'allemand au lycée, ça n'empêche pas de se faire comprendre, à grand renfort de a et de o à la fin des mots français :)

Birdinthestorm a dit…

Ouais, mais le coup des "o" et des "a" ça marche pas à tous les coups malheureusement ...

Jean-Michel a dit…

Ah non? Merde, qu'est-ce que j'ai bien pu leur dire alors?

Birdinthestorm a dit…

Beaucoup de bêtises, j'en suis sûre ! Dommage que vous ne soyez pas bilingues comme moi. :D

Jean-Michel a dit…

Gnégnégné, fais gaffe, y'a des gens vraiment bilingues qui ont laissé des commentaires sur cette page :)

Birdinthestorm a dit…

Oups !